dimanche 19 décembre 2010

Frozen Flower


« Frozen Flower » (Hangul: 쌍화점; RR: Ssanghwajeom) est un film coréen du Sud réalisé par Yoo Ha. Il s'agit de la cinquième long-métrage du réalisateur Yoo Ha, qui voulait faire un changement de ses œuvres précédentes en faisant un film historique
L'histoire est particulièrement controversé au sujet de la violation des personnages du protocole de la famille royale et leur quête de l'amour. Le film se déroule en Corée et la dynastie Goryeo étoiles Jo In-Seong, Ju Jin-Mo et Song Ji-hyo.
« Frozen Flower » est basé sur une histoire vraie de la dynastie Goryeo (918-1392) en Corée, et prend le titre d'une chanson de cette époque qui a décrit les relations sexuelles entre hommes et femmes. 

Ce film parle de l’époque de la dynastie Goryeo, le Roi est poussé par l’Empire Yuan, duquel il est tributaire, à produire un successeur au plus vite, à défaut de quoi un héritier sera désigné par l’Empereur. 

Le problème c’est que, bien que marié depuis dix ans à une princesse de Yuan, le Roi n’a d’yeux que pour le jeune capitaine de sa garde personnelle, Hong-rim, qui ne l’a pas quitté depuis sa plus tendre enfance. Incapable de répondre à l’ultimatum de l’Empire, mais voulant protéger son pays, le Roi demande à Hong-rim de prendre sa place auprès de la Reine. 
Il ne sait pas alors quels bouleversements va entraîner cette décision…                       
Il semble que cela est un film gay car c’est une histoire de triangle amoureux entre le roi, sa garde personnelle et la reine, mais après avoir terminé de le voir, il est vraiment un film étonnant qui est rempli d’émotions et sentiments diverses ; de l’amour, la haine, la jalousie, la fidélité, la trahison, etc…
Si on parle d’amour, il y aura les réactions différentes de chaque personne. Certains pourraient choisir de sacrifice, tandis que d’autres pourraient choisir de le posséder. Comme dans ce film, tous ont choisi de posséder l’amour avec leur propre égoïsme, il se termine avec un tragique pour chacun entre eux. 

En dehors de l’histoire, il est très fascinant de voir des scènes avec tous les détails traditionnels à l’époque, des vêtements, des bâtiments, du langage, etc…
On dirait que ce film reflète très bien la réaction d’amour de sexe différente, homme-femme-gay. Le fait qu’on voit chaque personnage se termine avec le tragique, nous a fait comprendre que si l’on possède l’amour par l’égoïsme, l’amour n’est que la trahison et la mauvaise foi.
Frozen Flower est l’un des meilleurs films qui mesure le côté sombre de chaque personnage et fait pensée aux audiences sur leur propre amour.

http://www.youtube.com/watch?v=WvG4rvI8HBw

MV ( 258296 )

vendredi 17 décembre 2010

EXIT THROUGH THE GIFT SHOP !


Réalisé par le mythique artiste à ne plus présenter, Banksy, "Faites le mur!" est une totale surprise.
Loin de répondre à nos attentes de spectateurs avides d'infos à son sujet, "mais qui est il? D'où sort il?!" (rappelons que nous ne connaissons ni son nom, ni son visage, ni son âge), le graffeur anglosaxon nous livre un synopsis particulièrement étonnant.
C'est ainsi que les images filmées par Thierry Guetta, aka Mister Brainwash, nous sont livrées. Père de famille lambda et type quelque peu incongru, trentenaire bedonnant aux rouflaquettes imposantes, Thierry s'était en effet mis à filmer son quotidien 24h/24 à la manière d'un bon vieux reality show. Alors forcément tout y passe, enfants, épouse, cousin... Cousin n'étant autre que Space Invader, street artiste à la renommée mondiale. Voilà le lien qui lui qui permettra de passer de simple fanatique de la pellicule à vidéaste grimpant sur les toits. Notre Thierry se voit en effet accompagner l'Invader sur ses terrains de jeux.
Très vite, il éllabore le projet de créer un film, rencontre et suit un nombre importants d'artistes, enchaînant les kilomètres de bobines et stockant ses cassettes à gogo.
Alors désireux de rencontrer le grand et subversif Banksy, pièce manquante à la réalisation de son puzzle, c'est finalement par le plus fortuit des hasards que le destin les rassemblera. Très vite une complicité naît. Guetta finira d'ailleurs par assembler ses rush et par lui proposer son projet de film abouti. Le travail de notre attachant quidam, cliché du personnage "bizarre mais sympathique", se révèle être une déception pour Banksy : "1h30 d'une bande annonce sans fin". Celui ci lui conseille donc d'avorter sa carrière de cinéaste afin de poursuivre son projet naissant de devenir street artiste lui-même. C'est ainsi que M.Brainwash voit le jour.
Tout fiéro et revigorer des dernières prérogatives de son idolatré Banksy, Monsieur Guetta entreprend la mise en place d'une immense exposition rien que pour sa pomme. "Ô grand bonhomme que je suis". Hic. L'image que nous avions de Thierry, naïfs spectateurs que nous sommes, prend alors un grand virage. Du gentil gus tout flasque il passe à l'imposteur ayant tout appris auprès des plus grands, recrachant et nous refourguant à son tour tout un patacaisse d'oeuvres commenditées et réalisées par la lourde équipe qu'il a embauché.
Nous serions nous fait berner?! C'est en tout cas le gout que cela nous laisse en bouche. Après de longs et fastes mois d'organisation, les centaines de mètres carrés recouverts de toiles, tantôt inspirées de la Factory de Warhol, tantôt pales copies des pochoirs d'Obey, sont prêts à ouvrir leurs portes. Fourvoyées également, les centaines de millers de personnes faisant alors la queue et a 10 000 miles d'en capter la supercherie...
Mais alors, quel est le vrai message de notre ami Banksy?
En effet, face à ces multiples revirements de situations nous restons coi. Nous avons bel et bien perdu le fil.
Répétons le, nous nous attendions limite à un film à l'explication voir à la gloire de son taff, du moins on aurait bien voulu en voir plus d'images hein.
De la même manière, nous nous sommes pris d'affection pour ce gentil dingue de la peloche et puis pof, usurpateur que voici.
Alors quoi? Banksy aurait voulu mettre en accusation ce sale voleur, menteur, méchant garçon? Je ne crois pas. Bien au delà, il met en lumière la blague totale qu'est le monde l'art aujourd'hui. Pourtant bien loin de lui la volonté de le critiquer, ou de se poser en victime. C'est comme ça, on apprend à faire avec et point. M.brainwash à réussi son coup : engouement et renommée.
Le spectateur, lui, à tout de même du mal à avaler la pillule. Réaction intéressante qui nous conduit à un deuxième niveau de lecture du film. Ce qui nous dérange au fond, c'est que dans l'histoire celui qui réussit au sens économique du terme n'est autre que Thierry. "Quoooooooi! Mais c'est dégueulasse!". Le drap se lève sur l'existentielle question (je vous vois dors et déjà trépigner), l'artiste qui veut se faire connaître du plus grand public, l'artiste pupulaire donc, doit il mettre son intégrité de côté pour y parvenir?... Laissant nos "vrais" artistes, passionnés, dans l'indifférence la plus totale, miasmes rejetés.
Là, mes petis loups, tout le travail est pour nous. A nos caboches de chauffer un peu et de trouver un semblant de réponse...
Un bravo, non sans ironie, à un Banksy qui vient prouver encore une fois son incroyable génie. Ben ouais, du coup on est encore plus demandeurs et désireux d'en savoir plus quant au mystèrieux Monsieur rat. Et ne serait ce pas le but de tout cela?!...




Ann-Flore RAMMANT.
246054.
Sorti sur les écrans le 15.12.2010 dans toutes bonnes salles.

jeudi 9 décembre 2010

Artiste, une profession?

En cette période de grand froid, de neige et de soupes en tout genre, j’ai troqué mes chaussures et mon guide parisien pour ma couette et mon chocolat chaud.
Le temps pour moi d’organiser mes idées et d’essayer d’aborder la problématique de notre cours avec plus de rigueur. Artiste, une profession ? De quoi nous laisser songeur…
C’est, j’espère, sans tourner autour du pot que je vais essayer de définir ce qu’est un artiste pour moi.
Au travers des deux rencontres que nous avons pu faire au sein de ce cours, les artistes ont affirmé deux points de vue différents.
Pour la première, Kimiko Yoshida , "j'ai toujours voulu devenir artiste, depuis que je suis petite", pour le second, Pierre Mabille, sa pratique s’agissait d’une réponse à des « pulsions de peinture ». Intuition profonde pour l’une, volonté d’en faire une carrière ; création presque malgré soit, à assouvir quoi qu’il arrive pour l’autre.
Deux notions sensiblement opposées, qui d’après moi illustrent parfaitement le paradoxe de l’Artiste.
Image d’un être prédestiné, quoi qu’il arrive, voué à la création depuis son plus jeune âge. Et parfois torturé, allant même jusqu’à subir ce statut qu’il lui est imposé.
Alors, nous avons le choix. Artiste maître de son travail, parfait artisan, bon marchand, ou Ô artiste à l’âme tortueuse, hésitant entre Spleen et Idéal comme Baudelaire nous la si bien dépeint.
Loin de moi l’idée de faire l’éloge d’aucun d’entre eux, bien au contraire. Essayons simplement de mettre les choses au clair, n’ayons pas peur de révéler le Descartes en nous…
À travers les siècles et les genres, le mythe de l’artiste torturé/mystérieux s’est bel et bien imposé. Qu’il s’agisse de poésie ou de littérature, de Rimbaud à Bukowski, de peinture, de rock ou de je ne sais quels autres domaines glorifiés. À foison, nos artistes se sont foutus en l’air, jeunes, victimes sensibles d’un trop grand succès, souvent trop rapide. Feu les Jim Morisson, Hendrix, Jean Michel Basquiat et autres avortés du monde l’art.
Mais tout ces chichis pourquoi ? Tout ces chichis, comme nous l’avons dit plus haut, semblent lui êtres malheureusement intrinsèque. Et notre quidam, pardon, notre artiste, ne peut rien y faire.
Tenter d’exorciser le tout dans sa création ? Certes. Création alors réduite en une catharsis, difficile d’en dépasser les bornes. Rares sont les exceptions.
Lourd fardeau que de porter tout cela et que de se voir, en plus, taxer d’imposteur. Voilà ta peine mon grand. Dépatouille toi comme tu peux, nous on observe et on juge…
De l’autre côté de la barrière, nous avons un second type d’artiste, prédestiné lui aussi (il semble que ceci soit acquis comme « vérité ») à la création.
Le génie « maître » qui semble en tout cas mieux tenir les rênes que de se faire de la corne aux mains à force de se faire tirer.
Je vous entends d’ici, non, arrêtez, poser vos tomates et laisser le exister lui aussi. À l’instar de notre être extraordinaire susmentionné, martyr de son talent, il a eu l’intelligence de comprendre les ficelles de ce qui pour lui est devenu un métier, une profession réelle.
Difficile d’imaginer un Damien Hirst roulé en boule au coin d’un feu de cheminée, se taillant les veines tout les quatre matins hein ? Nous sommes d’accords sur ce point.
Pour résumer cette vision très manichéenne, « être artiste » semble ne pas être un choix, mais bien une immanence de l’individu, un statut inné.
Le choix s’opère quant à la professionnalisation de celui-ci… En ferais-je mon métier ? Serais-je capable d’en faire mon métier d’ailleurs. Autre questionnement fondamental, mais bien loin de moi l’idée de le développer ce soir…

Ann-Flore.
246054.

mardi 7 décembre 2010

Tropical Malady ( สัตว์ประหลาด )



Tropical Malady Prix du jury au Festival de Cannes 2004 ) est un autre film de Apichatpong Weerasethakul อภิชาติพงศ์ วีระเศรษกุล après son premier long métrage en 2000, Dokfa nai meuman (Mysterious Object at Noon) qui mêle des images documentaires et des passages narratifs improvisés. Le film est basé sur le principe du cadavre exquis inventé par les surréalistes.

Entre 2002 et 2006, il réalise trois longs métrages formant une trilogie sur ce qui lui tient à cœur : Blissfully Yours sur sa passion pour le cinéma, Tropical Malady sur sa sexualité et ses peurs, et Syndromes and a Century sur ses parents médecins. Les deux premiers sont présentés au Festival de Cannes en 2002 et 2004, et le troisième à la Mostra de Veniseen 2006.

Après Blissfully Yours et avant Syndromes and a century, Tropical Malady est le deuxième volet d'une trilogie que le réalisateur Apichatpong Weerasethakul consacre à ce qui le touche, ici lui-même, sa sexualité et ses peurs.
Le film est coupé en deux parties opposées : C’est un film entre une amourette tranquille et calme, puis l'angoisse de Keng isolé dans la jungle qui chasse une bête sauvage alors que Tong a disparu après leur dernière rencontre.

La première forme que revêt le film est celle d'une histoire d'amour très fleur bleue, celle de Keng, un jeune soldat, avec Tong, un garçon de la campagne au sourire aussi permanent qu'inquiétant. Ensemble, ils mènent une vie tranquille s'organisant autour de promenades en ville et de la douceur des journées à la lisière de la forêt. Un jour, Tong disparaît et plusieurs bêtes des troupeaux de la région à leur tour. Une vieille légende locale dit que quelquefois, un homme peut être transformé en une bête sauvage. Keng décide de partir à sa recherche au cœur d'une forêt luxuriante et inquiétante.

Ce second film, d'amour cruel, de chasse à l'homme, de passion, de souffrance, a la forme d'un conte au ton pince-sans-rire. Il se déroule dans la jungle, la nuit, là où erre un moine khmer méchant qui pénètre le corps de ses proies pour s'y loger. Dans ce second film vont advenir quelques événements troublants, qui vont continuer de plonger le spectateur dans un état de torpeur excitée, une sorte de catatonie. Etat entretenu par un système de redites, de rimes, de vrais ou faux flash-backs qui viennent se glisser dans cette nuit proprement hallucinante.

Tropical Malady  a créé avec la passion et l’imagination de Apichatpong qui veut introduit sa sexualité et ses peurs à traverses son film.  C’est un film qu’on peut laisser nos pensées et absorbe la pensée de réalisateur à travers les belles paysages, la naïvité de personnage et tout et tout… Tropical Malady est un autre « MUST SEE » film de Apichatpong.

MV ( 258296 )

dimanche 5 décembre 2010

Paris/ Centre Culturel Suisse/jusqu'au 12/12/2010/ Gerda Steiner & Jörg Lenzlinger « Comment rester fertile? »

Le titre de l'exposition invite au questionnement et les artistes mènent les visiteurs à la recherche d'une réponse par l'exploration de leur œuvre.
C'est ainsi que l'on aborde cette présentation, comme un appel à l'exploration.
La création de ces deux artistes suisses a été imaginée pour le lieu et constituée in situ pendant un mois. Tout l'espace du Centre Culturel Suisse est habité par une sorte de jungle prolifique, en constante transformation, construite grâce à la présence de plusieurs pièces reliée entre elles par le parcours d'exposition lui-même.
Composées par des forces, plus que par des objets, les dimensions de l'ensemble emplissent chaque salle de telle sorte que le spectateur doit se déplacer, déambuler, se baisser et s'allonger pour éprouver les installations avec le corps et non par les seuls yeux.
Les différents pièces présentées, construites à partir de matériaux de récupération de toute sorte et par des complexes système de tuyaux, fils de fer et branches végétales, semblent proliférer par elles-mêmes, sans formes prédéfinies, suivant un principe d'extension infini, comme autant de métamorphoses en devenir continuel, dont l'on peut observer un état suspendu et éphémère.
Vaisselle en plastique et en verre, conteneurs, restes de nourriture, plantes, tissus, papier, tuyaux et rubans de toute sorte, petits objets et fleurs en plastique forment une véritable accumulation de détails d'où se dégage une force mystérieuse qui remplit l'espace de manière inattendue et surprenante. La matière devient fluide et légère, tous les éléments fusionnent en un univers en mouvement et le spectateur est entraîné vers des formes ouvertes et irrégulières.
Grâce à l'intégration de plusieurs vidéo, projetés sur différents types de supports souvent en mouvement (murs, tissus, rideaux...), l'espace même « advient », se métamorphose d'une forme à une autres, au fil des images en mouvement permanents.
La force de l'ouvre plastique réside ici dans le fait de manifester cette force de fertilité, qui normalement est invisible, par le biais d'une exposition où la dimension du temps joue un rôle important.
D'un côté, le temps de préparation et de montage des installations, qui nécessitent souvent d'un long et minutieux travail. Juste avant, le temps de la conception prends fréquemment la forme du voyage: des longs mois où les deux artistes vont à la rencontre d'un pays et cherchent à savoir comment les gens travaillent la terre, comment ils la cultivent, comment ils entretiennent leurs jardins, leurs parcs, leurs cimetières. Lors de ces voyages les deux artistes ont l'habitude de collecter tous les objets qui les étonnent et qui trouveront ensuite leur place dans les installations.
Il y a après le temps de l'entretien de l'exposition, de ses organismes, de ses cristaux et de ses cellules, comme un jardinier dans son jardin ou un chimiste dans son laboratoire.
Le temps présent du visiteurs coïncide avec la suspension d'un parmi les instants infinis de métamorphoses, d'accroissements, de changements de couleur et de forme, de stades différents de germination et d'ornement dynamique. 
 
A l'égard de la récupération et de l'accumulation, les œuvres de Gerda Steiner et Jörg Lenzlinger s'inscrivent dans l'histoire des pratiques des années 1960-1970, quand les artistes se servaient d'objet communs tantôt pour en faire surgir une poétique du quotidien, tantôt pour critiquer la société de consommation qu'il représentaient.
La poétique du détournement artistique de l'objet issu du quotidien est toujours présente, mais la thématique et les questionnements engendrés par ces œuvres suivent plus la direction de l'évocation que de la représentation.
Avec la création de cet étrange espace peuplé par de formes dégageant énergie, les artistes se proposent de questionner la notion de fertilité, notion souvent associée aux engrais chimiques, à la surpopulation et à l’insémination artificielle, mais qui évoque surtout l’énergie première dont découle toute forme de vie.
Leurs œuvres « ne représentent rien », mais créent matière et énergie, tout comme des êtres vivants qui grandissent, respirent et produisent toxines et déchets, tout en modifiant leur forme et celle de leur environnement et tout en créant d'autres êtres vivants et d'autres réalités.
Le lien avec la fertilité de l'imagination est ici évident: comme la fécondité de la terre, des plantes, des animaux et des humains, elle est, à l'époque où l'on vit, réglementée, normée et souvent interdite. L'enjeu est celui de démontrer qu'au-delà des règles dangereuses pour la fantaisie, l'énergie qui se dégage des matériaux et les infinies possibilité de création que cette énergie peut offrir ne peuvent pas être bridés, tel un phénomène naturel anarchique et tumultueux.

giulietta gabo

samedi 4 décembre 2010

Larry Clark – Kiss the past hello/Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris/ARC, 8 octobre 2010 – 2 janvier 2011

Je vais vous présenter une analyse d'exposition qui, plus qu'avancer des réflexions sur le statut de l'artiste aujourd'hui, sera axée sur le "bruit médiatique" autour d'une exposition et sur sa capacité de refléter des questions socioculturelles centrales dans notre époque.

Larry Clark, cinéaste et photographe icône de la contre-culture américaine depuis les années 1960, présente sa première grande rétrospective en France.
L'exposition, conçue de manière chronologique, vise à offrir le panorama complet de son œuvre. 
Des clichés de sa mère, Frances Clark, introduisent la première série, Tulsa, où il représente, en tirages noir et blanc de petit format, la vie quotidienne de ses proches, une vie habitée par l'amitié, l'amour, la violence et la drogue et qui incarne certains mythes américains de rébellion et de fuite de la société.
Toutes les séries qui suivent, à partir de Teenage Lust jusqu'aux travaux sur Jonathan Velasquez, en passant par Larry Clark 1992 et punkPicasso, tissent de forts liens narratifs et émotionnels entre les sentiments et les vécus de personnages des différentes époques et milieux, plongés dans des ambiances intimes et douces où la violence, toujours latente, accompagne leur temps d'adolescent.


Toute analyse correcte d'un événement artistique doit tenir compte de tout ce qui le regarde: ses composantes, sa forme, ses propos et notamment ses conséquences sur le monde, soit-il artistique, culturel, social ou politique. Pour essayer de construire une analyse correcte de cette exposition, il nous paraît donc nécessaire d'axer cette analyse non pas sur ce qui se passe dans les salles d'exposition, mais sur ce qui advient en dehors de celles-ci.
Les deux magazines d'art parmi les plus importants et les plus lus en France, Beaux-arts magazine et Art Press, ouvrent leurs éditoriaux de novembre avec l'exposition de Larry Clark et plus précisément avec le débat sur son interdiction aux mineurs de 18 ans.
L'éditorial d'Art Press souligne « une évolution extrêmement inquiétante des faits de censure », en dénonçant le fait que les institutions à l'origine de cette censure ont agi à l'encontre de leurs propres convictions et de leur propre morale – ainsi qu'à l'encontre d'une grande partie de la société – par « peur » des réactions possibles d'une petite partie, réactionnaire et bigote, de notre société.
Quant au directeur de Beaux-arts magazine, il décrit comme « aberrante et scandaleuse » la décision de la Mairie de Paris, car la totalité des photos « chaudes » est visible par tout le monde sur internet.
Il souligne que la France est le seul pays à avoir exposé et interdit les œuvres de Larry Clark.
Aux micros de France Inter, le directeur du MAMVP explique les raisons – ou, pour mieux dire, la raison – de ce choix: sur les 200 photographies présentées, une dizaine pourraient être considérées comme pornographique, pas par lui-même ou par ses collaborateurs, mais par un article de la loi(1).
Pour sauvegarder l'intégralité de l'exposition (sans censurer les 10 photos incriminable) et pour prévenir son éventuelle fermeture, la Mairie a décidé en amont ce qui pourrait ou pas choquer le public.
Par peur d'une possible persécution judiciaire et sans se soucier du risque de brimer l'expression artistique, ainsi qu'une partie importante de notre société, la Mairie de Paris a choisi d'interdire l'exposition aux mineurs, une façon de leur dire « retournez dans votre chambre ; allez plutôt regarder toute cette merde sur Internet »(2).
Mais qu'en pensent, les mineurs, les adolescents, protagonistes involontaires d'un débat socio-culturel duquel leur opinion est pourtant exclue?
Nous voulions aller les rencontrer, dans une salle au sous-sol d'un autre musée parisien, le Centre Pompidou, qui depuis cette année a crée un nouvel espace pour eux, le Studio 13-16, interdit aux majeurs.
Les responsables de l'espace nous ont fait clairement comprendre que des entretiens avec les adolescents présents n'auraient pas été bien accueillies et que leur préoccupation est celle de protéger ce jeune public des attaques extérieures. Sans une garde constante qui veille sur leur sureté, les ados seraient ici des victimes potentielles de journalistes sans scrupules qui viendraient ici pour les analyser à la loupe, faire des sondages, les étudier.
Quelle considérations pouvons-nous tirer de tout cela? Les ados sont des cobayes de laboratoire à protéger d'un monde trop compliqué à comprendre, trop violent à supporter et pourtant séduisant et attirant, notamment s'il est représenté par un artiste « culte ». Pour éviter tout risque de contact et, surtout, de contage, on les garde dans une belle salle au sous-sol d'un musée, fabriquer des vêtements avec des sacs en plastique en écoutant du hip-hop.
  giulietta gabo
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(1)« Le fait soit de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu'en soit le support un message à caractère violent ou pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine, soit de faire commerce d'un tel message, est puni de trois ans d'emprisonnement et de 75000 euros d'amende lorsque ce message est susceptible d'être vu ou perçu par un mineur ». Article 227-24, modifié par Loi n°2007-297 du 5 mars 2007 – art.35 JORF 7 mars 2007
(2) Interview à Larry Clark par Claire Guillot, « Larry Clark: une attaque des adultes contre les ados » , Le Monde, 2.10.2010