vendredi 17 décembre 2010

EXIT THROUGH THE GIFT SHOP !


Réalisé par le mythique artiste à ne plus présenter, Banksy, "Faites le mur!" est une totale surprise.
Loin de répondre à nos attentes de spectateurs avides d'infos à son sujet, "mais qui est il? D'où sort il?!" (rappelons que nous ne connaissons ni son nom, ni son visage, ni son âge), le graffeur anglosaxon nous livre un synopsis particulièrement étonnant.
C'est ainsi que les images filmées par Thierry Guetta, aka Mister Brainwash, nous sont livrées. Père de famille lambda et type quelque peu incongru, trentenaire bedonnant aux rouflaquettes imposantes, Thierry s'était en effet mis à filmer son quotidien 24h/24 à la manière d'un bon vieux reality show. Alors forcément tout y passe, enfants, épouse, cousin... Cousin n'étant autre que Space Invader, street artiste à la renommée mondiale. Voilà le lien qui lui qui permettra de passer de simple fanatique de la pellicule à vidéaste grimpant sur les toits. Notre Thierry se voit en effet accompagner l'Invader sur ses terrains de jeux.
Très vite, il éllabore le projet de créer un film, rencontre et suit un nombre importants d'artistes, enchaînant les kilomètres de bobines et stockant ses cassettes à gogo.
Alors désireux de rencontrer le grand et subversif Banksy, pièce manquante à la réalisation de son puzzle, c'est finalement par le plus fortuit des hasards que le destin les rassemblera. Très vite une complicité naît. Guetta finira d'ailleurs par assembler ses rush et par lui proposer son projet de film abouti. Le travail de notre attachant quidam, cliché du personnage "bizarre mais sympathique", se révèle être une déception pour Banksy : "1h30 d'une bande annonce sans fin". Celui ci lui conseille donc d'avorter sa carrière de cinéaste afin de poursuivre son projet naissant de devenir street artiste lui-même. C'est ainsi que M.Brainwash voit le jour.
Tout fiéro et revigorer des dernières prérogatives de son idolatré Banksy, Monsieur Guetta entreprend la mise en place d'une immense exposition rien que pour sa pomme. "Ô grand bonhomme que je suis". Hic. L'image que nous avions de Thierry, naïfs spectateurs que nous sommes, prend alors un grand virage. Du gentil gus tout flasque il passe à l'imposteur ayant tout appris auprès des plus grands, recrachant et nous refourguant à son tour tout un patacaisse d'oeuvres commenditées et réalisées par la lourde équipe qu'il a embauché.
Nous serions nous fait berner?! C'est en tout cas le gout que cela nous laisse en bouche. Après de longs et fastes mois d'organisation, les centaines de mètres carrés recouverts de toiles, tantôt inspirées de la Factory de Warhol, tantôt pales copies des pochoirs d'Obey, sont prêts à ouvrir leurs portes. Fourvoyées également, les centaines de millers de personnes faisant alors la queue et a 10 000 miles d'en capter la supercherie...
Mais alors, quel est le vrai message de notre ami Banksy?
En effet, face à ces multiples revirements de situations nous restons coi. Nous avons bel et bien perdu le fil.
Répétons le, nous nous attendions limite à un film à l'explication voir à la gloire de son taff, du moins on aurait bien voulu en voir plus d'images hein.
De la même manière, nous nous sommes pris d'affection pour ce gentil dingue de la peloche et puis pof, usurpateur que voici.
Alors quoi? Banksy aurait voulu mettre en accusation ce sale voleur, menteur, méchant garçon? Je ne crois pas. Bien au delà, il met en lumière la blague totale qu'est le monde l'art aujourd'hui. Pourtant bien loin de lui la volonté de le critiquer, ou de se poser en victime. C'est comme ça, on apprend à faire avec et point. M.brainwash à réussi son coup : engouement et renommée.
Le spectateur, lui, à tout de même du mal à avaler la pillule. Réaction intéressante qui nous conduit à un deuxième niveau de lecture du film. Ce qui nous dérange au fond, c'est que dans l'histoire celui qui réussit au sens économique du terme n'est autre que Thierry. "Quoooooooi! Mais c'est dégueulasse!". Le drap se lève sur l'existentielle question (je vous vois dors et déjà trépigner), l'artiste qui veut se faire connaître du plus grand public, l'artiste pupulaire donc, doit il mettre son intégrité de côté pour y parvenir?... Laissant nos "vrais" artistes, passionnés, dans l'indifférence la plus totale, miasmes rejetés.
Là, mes petis loups, tout le travail est pour nous. A nos caboches de chauffer un peu et de trouver un semblant de réponse...
Un bravo, non sans ironie, à un Banksy qui vient prouver encore une fois son incroyable génie. Ben ouais, du coup on est encore plus demandeurs et désireux d'en savoir plus quant au mystèrieux Monsieur rat. Et ne serait ce pas le but de tout cela?!...




Ann-Flore RAMMANT.
246054.
Sorti sur les écrans le 15.12.2010 dans toutes bonnes salles.

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