vendredi 26 novembre 2010

Kimiko YOSHIDA - Rencontre

Le 26 Novembre 2010


Kimiko YOSHIDA 
Autoportrait 2010
142 x 142 cm


Première surprise : je m'attendais à rencontrer une jeune femme exubérante, à l'instar de la sobriété et du calme que Kimiko émane. Image que je m'étais faite de l'artiste suite à la vue de ses autoportraits présentés à la Maison Européenne de la Photographie, exposition visitée en Octobre pour ma part. Une personne en réalité dénuée de tout ces artifices, se définissant elle-même de "femme ordinaire".
Ses premiers mots : "j'ai toujours voulu devenir artiste, depuis que je suis petite". Peut-être plus une intuition, un état d'esprit, qu'un métier donc.

C'est suite à la faillite de son entreprise que Kimiko démarre sa pratique de la photographie, se jugeant trop âgée (environ 30 ans) pour se lancer dans l'apprentissage long et fastidieux de la peinture.
Son travail et ses recherches donnent alors naissance à des prises de vues directes de l'artiste, en "buste", non retouchées. Son visage, parfois son corps, est sa matière première, sa "matière brute", "moyen sans moyens". Ses installations sont le fruit d'une préparatifs importants, maquillages, assemblages d'accessoires (...), performance magistrale dont la photo finale est le témoin. (Photographie qu'elle appelle d'ailleurs "peinture", ou "nature morte"). Selon ses mots, ces "embellissements" sont une volonté de faire disparaître, d'effacer son corps sur un fond de même couleur; "je veux faire des monochromes, mais ce sont des monochromes ratés".
Kimiko met également en exergue les différences fondamentales de la réception des Arts dans son pays d'origine et en France. Elle aborde la nécessité de défendre et d'expliquer son travail ici. Un discours que l'on ne demande ou n'estime pas forcément nécessaire de la part de l'artiste au Japon.
Cherchant peut-être alors à se donner une crédibilité historique, les tirages de Kimiko font référence à d'autres oeuvres. Cela leur conférant bien évidemment du "poids" et de la valeur.
Mais comment se tissent ces liens, dont la traduction ne se fait pas par mimétisme pictural? La question reste en suspens.
Au travers de la phrase citée de Rimbaud, "je est un autre", il serai intéressant d'explorer la voie de l'artiste se cherchant au milieu de ses pairs. Une recherche d'identification personnelle, au travers d'artistes ou tableaux cités dors et déjà reconnus. "Kimiko au centre des autres", donnant naissance à des doubles alors intemporels.
Ses photographies, dont la beauté de la femme mise en scène est la première chose qui frappe, ont soulevé dans la salle la question du féminisme. Kimiko, ancienne femme battue et fiancée à un inconnu au Japon, combat en effet ces traditions encore trop encrées dans sa culture. La beauté comme catharsis? Comme l'affirmation du "moi" enfin assumé?
Cette beauté qui s'impose, qui explose, est cependant dénué de tout sentiment narcissique, comme elle nous l'explique. Une "superficialité d'un temps donné" donc. Kimiko reste en effet très simple. Ses conseils sont d'ailleurs très humbles. A la question "comment devenir artiste?", elle répond qu'il faut apprendre à se gérer, donc à se connaître.

Une rencontre surprenante, qui vient remettre en question k'avis que je mettais fait de son travail.
La rencontre de ses oeuvres à l'automne dernier m'avait en effet laissé indifférente. Premièrement assimilées à des simples photographies de mode lors de ma visite à la MEP, parallèlement aux clichés exposés de Karl Lagerfeld exposés au même moment. Il m'a fallu alors me documenter pour apprendre à les apprécier, à les appréhender différemment.
La lecture de ces oeuvres peut donc être multiple. Leur profondeur est sans borne car elles suscitent finalement de nombreux questionnements.
Enfin, et comme de véritables objets de mode, leur beauté est intarissable, leur vision ne nous lasse pas.
On scrute, on observe sans fin ces explosions de couleurs, ces assemblages minutieux. Une somptuosité qui s'impose à nous.

Ann-Flore.
246054.

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