jeudi 20 janvier 2011

PROSPECTIVE XXIe SIÈCLE

Exposition des novelles acquisitions du FRAC Île-de-France.

Avec les oeuvres de Pierre Bismuth/Michel Gondry, Jason Dodge, Elise Florenty, Michel
François, Aurélien Froment, Ryan Gander, Mario Garcia Torres, Mark Geffriaud, Renée Green, Nate Harrison, Mark Leckey, Arnaud Maguet, Laurent Montaron, Bill Owens, Florence Paradeis, Emilie Pitoiset et Bruno Serralongue.

Prospective XXIe Siècle (détail), 2008 - Arnaud Maguet

Réalisée à partir de récentes acquisitions du Fond régional d'art contemporain, et conçue par son directeur Xavier Franceschi, l'exposition PROSPECTIVE XXIe SIÈCLE permet de façon diversifiée d'organiser une réflexion autour de la mémoire et du déjà-vu.

Dans le hall d'entrée est présentée, comme une sorte de prologue, The All Seing Eye, The Easy Teenage Version, une vidéo réalisée conjointement par Pierre Bismuth et Michel Gondry, duo récompensé d'un oscar en 2004 pour le scénario de Eternal Sunshine of the Spotless Mind. D'un point de vue fixe la vidéo montre un plan séquence, une caméra qui opère un mouvement continu de 360° à travers d'un salon meublé. Au fur et à mesure des éléments disparaissent: tables, chaises, portes, fenêtres, ainsi que le parquet. À la fin restent apparents que des murs blancs et un sol blanc - le White Cube.

Le parcours de l'exposition s'ouvre alors sur l'oeuvre d'Arnaud Maguet, à qui l'exposition emprunte son titre. Sur un cadré peint sont projetés des diapositives. Rythmée par un lourd son, des mots apparaissent afin de former un message: "Space is the Place". Inspiré de l'esthétique des films expérimentaux, et des slogans des contre-cultures des années 60, Prospective XXIe Siècle pourrait en être une relique.


Prospective XXIe Siècle (vue de l'exposition), 2008 - Arnaud Maguet

En référence à l'expérience du déjà-vu Michel François reproduit dans l'exposition deux salles presque identiques. Déjà-Vu (newspaper) se constitue de deux pièces, situées à chaque bout de l'exposition, tapissées d'un papier représentant des troncs d'arbres sur lesquels sont peint des motifs semblables à des yeux. Du centre coulent depuis le plafond des gouttes l'encre sur un journal posé au sol. Et lorsque l'on pénètre dans la seconde pièce se faufile alors cet étrange sentiment du déjà-vu, que nous rappelle ainsi la non-fiabilité de nos souvenirs.

Déjà-Vu (newspaper),  2003 (vue de l'exposition) - Michel François

De Melancholia de Laurent Montaron, boîte à'écho dont la bande magnétique tourne à vide, à What Happens in Halifax Stays in Halifax de Mario Garcia Torres, enquête sur l'oeuvre mythique réalisée par les étudiants de Robert Barry en 1969, en passant par le Table de rappel, jeu de memory revisité par Aurélien Froment, chacune des œuvres de PROSPECTIVE XXIe SIÈCLE indique une dimension d’écho (entre plusieurs temps, plusieurs salles, plusieurs œuvres), et de répétition.

Melancholia, 2005 - Laurent Montaron

Impliquant une notion de rythme, cette dimension renvoie au champ musical, où s’inscrivent un grand nombre d'oeuvres proposées; (Prospective XXIe siècle est aussi le nom d'une factieuse collection de disques de musique expérimentale, musique concrète et électronique, lancée en 1967) Comme par exemple Personal Props de Renée Green, une reconstruction à la fois historique, mnémonique et subjective d’une culture musicale. Une frise de lettres adhésives qui parcourt la partie supérieure des cimaises forme un répertoire de grands courants, de noms ou de chansons qui ont fait histoire. Ou la pièce de Nate Harrison, Can I Get an Amen?, une installation audio qui entraîne le spectateur à la découverte de ce que l'on appelle l'Amen Break, un break de batterie issu d'une chanson des Winstons, qui a permis l'émergence de la Drum 'n Bass et du Hip-Hop. L'artiste réuni l'ensemble des productions musicales, culturelles, et publicitaires qui se sont réappropriées de ce fameux Beat, posant ainsi la question de l'échantillonnage de la musique, paradoxe culturel entre la violation du copyright et l'enrichissement culturel.


Entre nostalgie et perspicacité, chacun des artistes explore à sa façon un bout de notre passé commun et chacune des oeuvres, dans un rapport au passé et à travers différents  thématiques (la nostalgie, la mémoire, le mythe), supports (vinyles, diapositives, bandes magnétiques) et dispositifs (dia-projecteurs, platines, ) fait prospérer notre mémoire.
De la même façon le parcours dans l'espace du Plateau, (subdivisé en une série de salles quasi-identiques accueillant chacune une seule oeuvre ou une série d'un même artiste)
la succession des chambres, évoque les cases de notre mémoire, que l'on doit activer. 


[...] il est courant de dire : "On ne restitue pas le passé." Mais qu'est-ce que le passé ? Qu'est ce qui est "déjà passé", quand, pour chacun d'entre nous, le passé détermine le présent, même chaque instant du présent ? En un certain sens le passé est plus réel, ou en tout cas plus stable, plus constant que le présent. Le présent fuit, glisse entre les doigts comme du sable, et n'a de poids matériel que par le souvenir.
 Andrei Tarkovski dans Le temps scellé, Cahiers du Cinéma, 2004, p.69

YvnRue 217858
  
PROSPECTIVE XXIe SIÈCLE 
jusqu'au 20 février 2011
Le Plateau / Espace d'exposition 
Place Hannah Arendt 
Angle de la rue des Alouettes et de la rue Carducci 
75019 Paris 
Tél: +33 1 76 21 13 41 
www.fracidf-leplateau.com

Du mercredi au vendredi de 14h à 19h 
Les samedis & dimanches de 12h à 20h

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